Marie Laure Daviet, gérante de la boutique de prêt-à porter 10 LaBoutique à Genas, nous présente son expérience et nous explique comment en quelques mois sa boutique physique s’est développé sur le web.
Nous continuons à vous faire partager les retours d’expérience de l’édition 2020 de Connect’ton commerce. Marie-Laure Daviet est gérante de la boutique de prêt à porter 10Laboutique domiciliée à Genas. Elle nous présente comment elle s’est lancée avec succès dans la vente en ligne initiée en plein confinement !
Notre boutique est multimarque, de prêt à porter homme femme. Nous vendons 25 marques moyen de gamme plus. Ainsi nous travaillons avec IKKS, Tommy Hilfiger, Hugo Boss, Liu Jo, Salsa, Véromoda, Deeluxe. 10LaBoutique c’est aussi un esprit concept store. Nous vendons aussi des bougies, des senteurs…
2020 c’était aussi l’année de nos 10 ans, anniversaire que nous avons fêté en plein milieu du confinement. Ce n’était pas très drôle mais nous avons quand même trouvé des solutions pour fêter l’événement.
Avant nous étions rue de la République dans une arcade très commerçante. Il y a 5 ans nous avons déménagé dans une maison d’habitation, d’époque que nous avons complètement rénovée. Aujourd’hui nous avons environ 150m² d’espace de vente avec un espace femme au rez-de-chaussée, un espace homme au niveau -1 et deux air bnb à l’étage.
Je n’ai pas vraiment de concurrence à Genas. Ceci me permet d’avoir une cible très large. Mes concurrents directs sont Les Galeries Lafayette qui sont à 15mn.
Je m’en démarque en connaissant l’ensemble de mes 5.000 clients. 3 personnes sur 4 connaissent mon prénom et mes collègues. Toute l’équipe sait que nous leur avons vendu à une cliente une robe pour le mariage de son fils et qu’elle pourrait l’associer avec des chaussures qui viennent d’arriver . Nous faisons vraiment de la vente de proximité. Nous mettons l’accent sur le service. Aujourd’hui nos clients viennent pour le conseil. Si un soir nous devons faire un dépannage, nous livrons à domicile des clients qui rentrent tard.
Aujourd’hui nous espérons tous continuer, poursuivre notre activité. L’objectif est de perdurer, d’être encore là l’année prochaine et bien évidemment si nous pouvons développer un peu le chiffre d‘affaires.
La zone de chalandise de Genas est précise : c’est l’Est de Lyon. Nous avons des clients lyonnais qui viennent régulièrement mais au bout d’un moment nous savons que nous ne pouvons pas faire plus.
Plusieurs solutions s’offrent à nous pour développer la boutique : soit nous accueillons de nouveaux produits pour faire émerger un nouveau besoin dans la boutique, soit nous allons en ligne pour essayer d’avoir une nouvelle clientèle et proposer un nouveau service. Nous avons décidé de donner une part importante au numérique. Je ne voyais pas d’autre moyen de nous développer. Nous avons déjà travaillé l’homme, nous avons déjà travaillé la femme, un peu l’accessoire.
Le numérique s’est-il imposé naturellement dans votre stratégie commerciale ?
En déménageant nous avons augmenté la surface donc le chiffre d’affaires a augmenté. En 2019, nous avons fait un chiffre d’affaire d’un peu plus de 558.000 euros TTC … et puis au mois de mars, notre commerce a dû fermer du jour au lendemain.
Nous nous sommes demandé ce que nous allions devenir, nous avons eu peur que la boutique que nous avions créée disparaisse.
Au bout de 15 jours, j’ai décidé de créer un site de vente en ligne avec un ami qui était sur Genas. Ce n’était pas forcément ma génération mais je me suis dit « c’est ça ou nous faisons aucun chiffre d’affaire et nous allons disparaitre ». Nous ne savions pas combien de temps les commerces allaient rester fermés, nous ne savions pas si nous allions rouvrir le 11 mai ou fin juin… Nous avons créé un site Internet avec les moyens du bord. Un ami m’a aidé à faire la coquille du site. Comme je ne travaillais pas et que j’étais à la maison, j’ai rempli les étagères virtuellement. Nous avons ouvert le site le 17 avril. J’assurais moi-même les livraisons.
En 3 semaines, nous avons fait environ 13.000 euros de chiffre d’affaires, une cinquantaine de commandes, un panier moyen de 230 euros plus important en ligne qu’en boutique physique. Les clients payaient en ligne via Stripe (NDLR : plateforme de paiement en ligne). La plupart des achats étaient faits par des clients qui essayaient d’aider 10Laboutique. Mais il y avait aussi d’autres clients qui venaient d’ailleurs.
En réouvrant, la vente en ligne s’est arrêtée. Mes clients habituels sont revenus en boutique car ils voulaient nous voir. Ils ne voulaient pas trop aller en centre-ville de Lyon donc ils venaient chez nous.
Nous nous sommes rendu compte que la vente en ligne était essentielle : les clients, quelque soit leur âge, vont en ligne et même s’ils n’achètent pas en ligne car ils veulent essayer en boutique, ils viennent en boutique en disant : « Marie Laure, j’ai vu telle robe, j’aimerais l’essayer. » En fait, c’est un support énorme, une vitrine virtuelle que les clients consultent depuis leur domicile. Nous avons donc choisi de continuer sur notre lancée mais d’aller jusqu’au bout.
Mais très vite, je me suis rendu compte qu’il y avait un énorme problème : le site virtuel n’était pas connecté au logiciel de caisse. Cela constituait un énorme problème pour les stocks. Les ventes en ligne n’étaient pas défalquées automatiquement du stock boutique. Les premiers jours, nous faisions les mises à jour. Après ce n’était plus possible d’autant qu’à l’occasion de l’anniversaire de la boutique, les ventes se multipliaient.
Je travaille avec un logiciel de caisse GesMag. Ce petit éditeur ne travaille qu’avec Prestashop. Or mon site de vente en ligne était sous WooCommerce : aucune passerelle n’était donc possible. J’ai consulté le site de Prestashop pour identifier les webmasters conseillés, qui avaient une note de 5/5 et qui étaient sur Lyon. Au mois d’août j’ai signé avec le seul prestataire lyonnais référencé pour qu’il crée un nouveau site sous Prestashop en liant à GesMag. Depuis début septembre, nous remplissons les étagères, nous faisons des photos. Le site est lancé officiellement début octobre. Toutes les dix minutes Prestashop enverra l’information au logiciel de gestion de caisse pour mettre les stocks à jour.
J’ai consulté l’agence en leur expliquant que j’avais un budget réduit et que j’avais beaucoup travaillé pendant le confinement. Je souhaitais récupérer ce que j’avais fait. En négociant, nous sommes arrivés à un budget qui m’a semblé accessible pour le site. Budget auquel s’ajoute le coût de la passerelle GesMag vers Prestashop.
Je m’occupe moi-même de la communication.
Par exemple demain je vais lancer le nouveau site de vente en ligne. Je vais préparer une communication par mail (via Mailjet) auprès de mes clients après avoir extrait mon fichier clients de mon logiciel de caisse. Je collecte des données clients depuis 10 ans.
Ma collègue qui a été formée à Prestashop remplit les étagères.
Dans le prêt à porter, nous travaillons en collections. Tous les 6 mois, nos étagères sont vides et doivent être reremplies. L’avantage est de pouvoir récupérer du logiciel de caisse la référence, l’article, le prix, le fournisseur. Mais après, il faut ajouter un petit texte et une photo. Sans photo, vous ne vendez pas. A l’avenir, je prendrai un stagiaire pour nous aider à mettre le site à jour.
Pour moi, c’est même primordial d’avoir des comptes aujourd’hui. Je ne suis pas de la génération Instagram mais nous sommes obligés aujourd’hui d’y avoir recours.
Instagram peut faire venir de nouveaux clients. Une passerelle sous Prestashop permet d’identifier le produit et d’intégrer automatiquement le lien sur le site. Quand un client clique sur un produit sur Instagram, il tombe automatiquement sur mon site et peut commander en ligne.C’est une énorme porte d’entrée sur le site. Il faut prévoir des photos, des citations, du lifestyle. J’utilise aussi toutes mes publications sur Instagram pour faire vivre mon site. En bas de la page d’accueil de mon site, un lien a été fait sur mes publications Instagram.
J’adore quand une cliente rentre dans la boutique le mardi matin, me tend son téléphone et me dit « Je veux cela ». Le temps consacré aux publications le week-end n’est pas perdu !
Je suis en train de contacter des influenceuses pour lancer le site en leur offrant par exemple un sac IKKS (un pour elles et un pour leur communauté). Les jeux concours ont un effet incroyable : ils font gagner énormément de followers en mettant les bons hashtags. Ils permettent de récupérer une clientèle qui n’est pas du tout celle de la boutique au départ mais qui peut le devenir.
Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, en particulier pendant cette période de lancement. Je m’occupe des réseaux sociaux le soir à la maison ou le week-end (en moyenne une heure par jour) au feeling. Grâce à des programmateurs et des applications, je prépare 2-3 publications et je planifie leur publication.
Le temps nécessaire à ces activités en ligne est essentiel. Il fait partie de l’organisation quotidienne de 10Laboutique. Si nous nous rendons compte que tous les matins quand nous arrivons à la boutique, il y a 5-6 commandes, il faudra dédier une personne pour s’occuper de la logistique : préparer les paquets, les emmener à la poste, imprimer les bons de livraisons, les factures. C’est comme une autre petite entreprise.
Mon objectif : rentabiliser le budget que j’ai déjà consacré à la vente en ligne (site + passerelle gestion de caisse + communication) voire, dans l’idéal que je fasse 5.000 euros de ventes mensuelles pour rentabiliser et avoir envie de continuer.
Bien écrire ce que vous voulez d’abord, ne pas se lancer dans son projet avec le premier prestataire qui passe la porte.
Les budgets pour des projets similaires peuvent être très variés.
Seule la consultation nous permettra de connaître le vrai prix d’autant que nous ne sommes pas des informaticiens. Avant de créer un site de vente en ligne, il est primordial de prendre le temps d’identifier ce qui est attendu du site, de définir un cahier des charges avant d’aller voir les webmasters. Il faut aussi consulter d’autres sites. Je me suis connectée sur de très nombreuses boutiques de prêt à porter, de concept stores pour noter ce que je trouvais bien mais aussi ce que je n’aimais pas. A partir de là, j’ai écrit mon site en listant ce que je voulais : un accueil, des photos de ma boutique, de mon équipe, les marques commercialisées, l’organisation de mon catalogue (homme/femme)…
Allouer du temps au projet. Ne pas penser que le projet va se mener tout seul. Se faire aider.
Ne pas hésiter à se renseigner en ligne. Quand je ne sais pas faire quelque chose (ex connecter Prestahop et Instagram), je cherche un tuto en ligne.
N’hésitez pas à vous former pour découvrir les outils et avoir le bon usage.
Enfin, il faut se lancer en ligne si vous êtes sûrs de vouloir y aller, de trouver du temps et si vous avez envie. Il ne faut pas se lancer en ligne parce que tout le monde le fait mais parce que vous vous donnez les moyens de le faire.
Pour moi qui adore le contact avec les clients, il est évident que de plus en plus nous allons vendre en ligne. Malheureusement… c’est obligatoire…
Côté réseaux sociaux je pense qu’il faut surveiller TicToc qui va sans doute beaucoup faire parler de lui dans les prochaines années. TicToc pour l’instant est le support des petites chorégraphies que nous regardions pendant le confinement. TicToc est en train de complètement muter y compris au niveau des entreprises au-delà des instagrammeuses, ou des personnes qui veulent lancer de nouvelles musiques.
Le développement numérique participe aussi à la valorisation du commerce. Ainsi quand un commerçant souhaite vendre sa boutique, sont pris en compte son chiffre d’affaire, le nombre de clients, le stock, la propriété des murs mais aussi l’existence d’un site de vente en ligne, le chiffre d’affaires généré, le nombre de followers sur Facebook et sur Instagram.
Merci Marie-Laure pour votre témoignage pour Connect’ton Commerce 2020 !
Pour retrouver 10Laboutique
https://www.10laboutique.fr
15 Rue de l’Égalité, 69740 Genas
Si vous souhaitez développer votre activité de commerce en ligne, n’hésitez pas à contacter un conseiller de l’ENE.