La trame de fond est inévitable : Facebook se renomme Meta, la presse économique titre sur la spéculation des NFT, les experts affirment que l’avenir du web est le « web 3 ». Qu’en est-il réellement de ces technologies et peut-on imaginer dès à présent des usages pour des TPE-PME ?
Cet article ambitionne de déconstruire ces termes parfois barbares pour vous aider à mieux comprendre ces technologies et leurs usages. Que l’on soit réfractaire ou techno-curieux, il ne faut pas perdre de vue que la diffusion des usages est de plus en plus rapide ; si Facebook a mis presque neuf ans à atteindre un milliard d’utilisateurs mensuels, TikTok aura réalisé la même croissance en cinq ans. En bref : vous avez tout intérêt à rester en veille.
La numérotation derrière le terme « web » vise à marquer les grandes phases de son évolution, depuis les premiers sites internet des années 90 à nos jours. Derrière ces termes se cachent les évolutions de technologies et d’usages des internautes.
Ainsi, d’après cette numérotation, nous serions actuellement à la frontière entre le web 2.0 et le web 3.
Le web 2.0 est associé à l’avènement du web dit « social ». Social, car il correspond à l’arrivée de services qui favorisent les interactions et la production de contenu par les internautes. C’est l’explosion au début des années 2000 des réseaux sociaux, blogs, forums, wikis…
Les services numériques qui façonnent notre quotidien de particuliers sont encore très largement ceux du web 2.0 : Facebook, Instagram, LinkedIn, YouTube, Wikipédia…
Les usages numériques professionnels ont, eux aussi, hérités des concepts du web 2.0. À titre d’exemple, on peut citer : la production collaborative (Microsoft Teams, Slack…), les réseaux d’entreprises qui disposent de plateformes d’échange et de partage en ligne…
L’ère du web 2.0 a vu le pouvoir se concentrer dans les mains de quelques très grands acteurs économiques, les fameux GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), qui possèdent et monétisent nos données.
En réaction, le web 3.0 vise à redonner plus de pouvoir aux utilisateurs, et rapprocher le web des idéaux de ses créateurs : un réseau moins centralisé. Cette décentralisation porte sur deux aspects :
La face du web ne changera pas en un jour. Les technologies sont encore émergentes et réservées à des secteurs particuliers tandis que les usages sont peu diffusés. Pour autant, la tendance est générationnelle et incontestable : d’après une étude menée par Heaven, 32 % des français de 18-25 ans déclarent posséder des cryptomonnaies, contre 8 % si l’on observe l’ensemble de la population.
Au cœur du web 3, il y a les NFT, pour « Non Fungible Tokens » ou « jetons non fongibles » en français. Si l’on traduit ces termes rudes, on pourrait définir un NFT comme un certificat d’authenticité numérique infalsifiable, sécurisé grâce à un réseau informatique particulier : la blockchain.
Le propriétaire d’un NFT le stocke dans un portefeuille numérique. Il n’y a pas d’autorité qui fait office de tiers de confiance, on ne « dépose » pas un NFT comme on déposerait des bijoux dans le coffre d’une banque.
Jusqu’alors réservés au monde de l’art et souvent associés à des activités spéculatives, ces outils technologiques se déploient petit à petit auprès d’un plus large public. À titre d’exemple :
De nombreuses autres initiatives existent et démontrent l’inquiétude des grandes marques et enseignes qui ne veulent pas louper la prochaine tendance, quitte à multiplier les projets à l’avenir incertain.
À plus long terme, la sécurité qu’apportent les NFT pourrait aider à numériser et à certifier des informations ou des documents sensibles dans ces mêmes secteurs :
En parallèle, les pouvoirs publics désirent accompagner cette innovation et lancent une mission qui doit dresser « un panorama des usages et pourrait proposer des pistes d’évolution de la réglementation afin de permettre le développement des acteurs du secteur », et souhaitent soutenir financièrement le développement de filière.
Si les usages sont à ce jour très majoritairement explorés par les grands groupes, plusieurs PME ont fait le pari de tester la vente de NFT auprès de leur clientèle.
Se sont lancées dans le bain du web 3 : le Stade Toulousain, qui utilise des NFT pour proposer des expériences exclusives à ses fans, ou encore le domaine bordelais château Edmus qui associe à la vente de bouteilles de prestige une étiquette papier et NFT de collection.
Ces quelques initiatives visent des clientèles jeunes dont les usages sont développés ou issus de secteurs haut de gamme, voire du luxe, pour gratifier une clientèle sensible à des éléments exclusifs.
Ce rapide panorama nous confirme qu’il est difficile d’avoir une vision claire sur les usages grand public à venir. À ces incertitudes s’ajoutent de nombreux débats et controverses, rythmés par de nombreuses arnaques, car les escrocs, eux, ont sauté le pas des NFT.
Nous vous encourageons toutefois à observer les nouvelles tendances de votre secteur et à rester curieux des nouveaux usages numériques. Qui croyait au e-commerce avant les années 2000 ? Gardons le sourire avec cette courte vidéo de l’INA, qui nous rappelle une époque où de nombreuses enseignes ne voyaient pas le e-commerce comme un marché d’avenir.